Grève des enseignants : Un comité de crise s’avère nécessaire dixit un enseignant

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Depuis près de trois ans, le secteur de l’éducation est secoué par une crise continue qui a orchestré de nombreux dégâts matériels, des pertes en vies humaines, la perturbation des cours, l’instabilité sociale dans la cité.

Des efforts ont été faits de part et d’autre (côté syndicat et côté gouvernement) mais, beaucoup restent à faire car, le durcissement des tons ces derniers temps inquiètent plus d’un. Les manifestations de ces derniers jours et l’appel à la mobilisation générale de certaines organisations de la société civile en sont illustratifs.

Sur ce, le sociologue enseignant chercheur s’est posé quelques questions relatives à cette crise au sein de l’éducation. Il s’agit d’Aboubacar Camara

-Comment sortir de cette impasse persistante ?

-Quels sont les acteurs qui devraient s’y impliquer pour une sortie de crise ?

Comme la répétition étant pédagogique et à cause de la persistance de la dite crise, il a jugé nécessaire d’en parler de nouveau de façon plus approfondie.

Cette fois-ci, au lieu d’un ‘’comité de réflexion et de médiation’’, il suggère carrément ‘’un comité de crise’’. Celui-ci devrait être mis en place de façon officielle par le président de la république. Il pourrait prendre la composition suivante : le Médiateur de la république, les représentants du SLECG, les représentants du gouvernement, les représentants de la société civile, des experts spécialistes de l’éducation, les représentants du BIT et de l’Internationale de l’éducation et les représentants des partenaires techniques et financiers (Banque Mondiale, UNESCO, FMI).

Le comité de crise aura pour missions :

-l’examen objectif de la plate-forme revendicative du SLECG ;

-l’examen de la position du gouvernement face à cette revendication salariale ;

-la proposition de solutions idoines pour l’amélioration des conditions de vie et de travail des enseignants à court, à moyen et à long terme ;

-le suivi de l’application stricte du protocole d’accord qui sera signé par les parties prenantes.

Ce travail prendra entre deux à trois mois de consultation, d’analyse et de négociation. Pendant ce temps, des sacrifices supplémentaires doivent être consentis de part et d’autre. Du côté du gouvernement, on devrait s’engager à payer intégralement les salaires gelés, à lever les suspensions de cadres ou d’enseignants pour fait de grève, cesser les menaces à l’endroit des grévistes, à adopter un langage plus conciliateur vis-à-vis du syndicat et à dialoguer de façon professionnelle. Quant au SLECG, il devra également adopter un langage conciliateur, être plus professionnel dans la négociation, faire confiance aux acteurs impliqués mais aussi et surtout, accepter de suspendre la grève pour la période de négociation.

Avec cet élan, on pourrait sans aucun doute sortir de cette impasse dans le secteur de l’éducation dans l’intérêt des parties prenantes (SLECG et gouvernement), des élèves et enseignants, des familles et de la nation tout entière.

Ce qui nous sauverait d’une année blanche et/ou des violences aux conséquences désastreuses comme par le passé. Ainsi, nous pourrions respecter également le « droit à l’éducation » des enfants qui ne sont ni de près, ni de loin responsables de cette situation.

Il revient donc au gouvernement en général et au président de la république en particulier d’agir afin que le comité de crise soit mis en place le plus vite que possible car « tant vaut l’école, tant vaut la nation »



Journaliste, Correspondant à Conakry