Ethnicité un danger pour notre démocratie et notre vivre ensemble : Acte IV

2041

L’ethnicité est une donnée construite par le colon, enracinée par nos premiers présidents et a atteint son apogée à partir de 2010. Dans nos précédentes publications, nous avons démontré l’existence de ce phénomène dans notre société.

Ainsi, l’on peut affirmer sur la base de cette démonstration que la langue, la religion, la filiation ou la région sont des marqueurs d’identité très forts qui renforcent la « solidarité ethnique ». Ces faits deviennent donc des références importantes dans les préférences politiques, donc du choix des candidats.

Pour mieux mesurer la portée de ce phénomène, votre rédaction a tendu son micro à certaines personnalités politiques : le premier a requis l’anonymat et le second est Papa Koly président du GRUP ? Nous leur avons posé la question suivante :

selon vous, quel est le facteur déterminant pour les électeurs dans leur choix lors des différentes échéances électorales ?

Les réponses confirment que les choix sont influencés par ce phénomène sans aucune ambivalence. Pour le premier : « Je citerai les facteurs pêle-mêle. Premièrement, l’électeur guinéen s’en fout du programme, ils s’en foutent du programme, parce que tous les candidats disent la même chose, lutter contre le chômage, lutter contre la précarité, contre l’insécurité etc. les candidats ont presque les mêmes programmes et l’électeur ne se pose pas de questions, qui est sincère dans son engagement et qui ne l’est pas. Alors, à défaut de se poser cette question…Alors, généralement, l’ethnie devient un refuge. Combien de personnes auront le temps de lire les programmes ? Vous pensez que tous ceux qui soutiennent les partis aujourd’hui connaissent les contenus des programmes ? Non… Quel que soit l’éducation, les gens vous diront toujours que je ne voterai pas tel parce que nous ne sommes pas de la même ethnie. Donc il faut comprendre que la démocratie ça s’apprend, ça ne vient pas du jour au lendemain. »

Dans le même ordre d’idées, Papa Koly ajoute : « Écoutez, les facteurs déterminants au cours des élections, personne ne vote sur la base des projets de société, ils ne connaissent pas le projet, ils connaissent des têtes d’affiche et surtout de dire que c’est mon frère, notre fils ainsi de suite. Donc aujourd’hui, personne ne vote pour un projet de société. Comment on va faire avec une population à 70% analphabète ? Ils ne savent même pas qu’est-ce que c’est qu’un programme de société. Pour cela l’ethnie devient une sorte de repère, on est de la même ethnie donc je vote pour lui »

En somme, ces données mettent en relief des éléments qui conditionnement le choix des électeurs en Guinée. Autrement dit, la participation politique pourrait être influencée par la famille ou l’appartenance régionale. Il y a donc de fortes chances qu’un Soussou vote pour un candidat Soussou, un Peul pour un candidat peul, un Malinké pour un candidat malinké et un Forestier pour un candidat de la forêt. Dans ce cas, l’électeur ne se comporte pas en consommateur rationnel et par conséquent, ne réagit pas en fonction de l’offre politique.

Cela engendre de lourdes conséquences pour notre démocratie et notre vivre ensemble, car, ce ne sont pas toujours les meilleurs qui sont élus, mais plutôt le candidat qui a une très grande puissance démographique.

En 2010, les deux qui s’étaient qualifiés au second tour, appartenaient aux deux des plus grands groupes ethniques de la Guinée Malinké et Peul. Les autres candidats Sidya Touré, Papa Koly, Abé Sylla et autres étaient éliminés n’ont pas parce qu’ils déméritaient, mais plutôt à cause de leur appartenance à des minorités ethniques. Donc, cela signifie que ce phénomène ne permet pas forcement d’élire le meilleur candidat capable de répondre aux aspirations légitimes du peuple.

Ce fait est aussi exacerbé par les discours de nos responsables politiques et publics, l’on a vu la dernière sortie de Ousmane Kaba, qui a fait la une de tous les journaux, tant d’autres aussi sont souvent dans cette configuration, ou ont déjà surfé sur cette problématique à des fins électoralistes. Ces comportements à caractère ethnique compromettent dangereusement notre démocratie et notre vivre ensemble.



Administrateur Général