Interdiction de manifester, maître Mohamed Traoré réagit

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La préservation de l’ordre public et la restauration de l’autorité de l’État sont des devoirs impérieux pour les gouvernants. C’est d’autant plus indispensable au maintien de la quiétude sociale que le législateur permet même à l’État de restreindre les libertés individuelles lorsqu’il est question de maintenir ou de rétablir l’ordre public. L’intervention du législateur dans ce domaine est plus qu’une nécessité car il n’y a pas notion juridique plus floue et plus fluctuante que celle d’ordre public. Le risque est en effet grand de voir les pouvoirs publics porter des atteintes graves et injustifiées aux libertés individuelles au nom du respect de l’ordre public.

Des droits et libertés sont reconnus aux citoyens par la Constitution. La loi complète les dispositions constitutionnelles en indiquant dans quelles conditions des restrictions peuvent y être apportées dans la stricte limite du respect de l’ordre public. C’est dans le même sens que l’état d’urgence et l’état de siège qui sont des situations dangereuses pour les libertés individuelles, sont strictement réglementés. C’est dire que tout ne peut pas et ne doit pas être fait au nom de l’ordre public. C’est pourquoi, la récente décision du Ministre de l’Administration du Territoire interdisant de manière générale les marches, doit préoccuper tous les citoyens, pas seulement les acteurs politiques et de la société civile. Quel message veut-il véhiculer, quel signal veut-il lancer à travers cette décision ?
L’on entend souvent des formules du genre « trop de liberté tue la liberté  » ou bien  » il n’y a de liberté pour les ennemis de la liberté ». C’est peut-être vrai. Mais même lorsque des citoyens ont tendance à exercer abusivement leurs droits et libertés, c’est la loi qui en est la solution. Il n’y a donc pas de place pour les humeurs personnelles. Tout part de la loi et tout se ramène à la loi.



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