Au Soudan, la pression s’accroît sur le président Omar El-Béchir

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Alors que les manifestations contre le président Omar el-Béchir continuent devant le quartier général de l’armée à Kharthoum, la police soudanaise ainsi que trois pays occidentaux ont appelé, mardi, à une transition politique.

La pression s’est accrue, mardi 9 avril, sur le président du Soudan Omar el-Béchir, après l’appel de la police et de trois pays occidentaux à une transition politique, sur fond de manifestations massives devant le QG de l’armée à Khartoum.

La police soudanaise, un élément clé des forces de sécurité, a annoncé vouloir l’union du « peuple soudanais (…) pour un accord qui soutiendrait un transfert pacifique du pouvoir ». Elle a appelé ses forces à ne pas intervenir contre les manifestants, quelques heures après avoir tenté de les disperser.

Mardi soir, les protestataires s’apprêtaient à camper pour la quatrième nuit de suite devant le QG de l’armée, après avoir passé une nouvelle journée sous un soleil brûlant à braver l’interdiction de manifester et à scander des slogans antigouvernementaux. Nombre d’entre eux ont allumé les lumières de leur téléphone portable dans l’obscurité, selon des témoins.

Manifestants tués

Les ambassades à Khartoum des États-Unis, du Royaume-Uni et de la Norvège ont, elles, demandé la mise en place d' »un plan de transition politique crédible », appelant les autorités soudanaises à « répondre (aux) revendications populaires ». Cet appel est intervenu après plusieurs tentatives, vaines, de la police et du puissant service de renseignement NISS de déloger les contestataires réunis devant le QG de l’armée.

Au moins 38 manifestants ont été tués depuis le début de la contestation, dont sept samedi, selon les autorités. Le principal leader d’opposition, Sadek al-Mahdi, a lui affirmé que 20 personnes ont été tuées depuis samedi par des hommes armés portant des masques s’attaquant chaque matin aux manifestants rassemblés devant le QG de l’armée. Mardi, des soldats transportant un corps sur un pick-up sont entrés dans le QG, selon un témoin.

« Les forces armées soudanaises comprennent les motifs des manifestations et ne sont pas contre les demandes et les aspirations des citoyens, mais elles ne laisseront pas le pays sombrer dans le chaos », a indiqué le ministre de la Défense, le général Awad Ahmed Benawf, selon l’agence officielle Suna. Dans un communiqué, le général Kamal Abdelmarouf, chef d’état-major de l’armée, a précisé que celle-ci « continuait d’obéir à sa responsabilité de protéger les citoyens ».

Appel à la démission

Un conseil a été formé par les organisateurs de la contestation pour lancer des négociations avec les forces de sécurité et la communauté internationale, dans le but de transférer le pouvoir à un « gouvernement de transition », a déclaré Omar el-Digeir, membre de l’opposition. « Nous réitérons la demande du peuple de démission immédiate du chef du régime et de son gouvernement », a-t-il dit.

Déclenchées le 19 décembre par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain, les manifestations se sont rapidement transformées en contestation contre Omar el-Béchir, au pouvoir depuis un coup d’État en 1989.



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