Aucune révision constitutionnelle n’est intervenue…dans l’intérêt exclusif d’un homme ou d’un groupe d’hommes : Dixit Maître Traoré

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.« Le détournement des règles de la démocratie dans un intérêt particulier est une atteinte à la démocratie. »

Le débat sur le changement constitutionnel fait la une de l’actualité en Guinée. D’un côté les promoteurs du troisième mandat qui essaient de mettre en place petit à petit leur plan cynique contre la nation, et de l’autre côté, les anti-troisième mandat qui font appel à  tout un arsenal juridique pour empêcher le tripatouillage constitutionnel.

Pour l’ancien Bâtonnier de l’ordre des avocats Maitre Traoré :

Certains journalistes contribuent volontairement ou involontairement à obscurcir le débat actuel sur la révision ou le changement constitutionnel. Personne ne prétend qu’une constitution ne peut ou ne doit faire l’objet d’une révision, d’une modification ou d’un amendement. Les exemples qu’ils prennent sur la France ou les États-Unis d’Amérique relativement aux révisions et amendements intervenus dans ces pays sont inappropriés. Aucune révision constitutionnelle n’est intervenue en France ou aux États-Unis d’Amérique dans l’intérêt exclusif d’un homme ou d’un groupe d’hommes. Aucune modification n’a été taillée sur mesure. Or, la majorité des Guinéens savent aujourd’hui que le seul but poursuivi par une éventuelle révision ou un éventuel changement de constitution est de supprimer ou de contourner le principe même de la limitation de la durée et du nombre de mandats présidentiels. Ce n’est pas un procès d’intention.

Tous les discours tenus par les prometteurs d’un changement ou d’une révision de la constitution expriment l’idée d’une continuité. La continuité d’un même système, d’une même gouvernance. Lorsque des Guinéens disent qu’il faut laisser le Président de la République achever ses œuvres et les « vastes » chantiers qu’il a entrepris, la révision ou le changement de constitution est en contradiction avec le caractère impersonnel de la règle de droit au sens général. Comparaison n’est donc pas raison.

Par ailleurs, le peuple a certes le droit de s’exprimer par voie électorale ou référendaire; mais sur certaines questions, il faut éviter d’abuser de cette prérogative. S’il est possible de réviser ou de changer la constitution par le biais d’un référendum dans le seul but de supprimer la limitation du nombre de mandats, qu’est-ce qui pourrait empêcher la même démarche pour changer

-Le principe de la laïcité pour créer un État islamique.

– La forme républicaine de l’État. Ainsi, on aurait un Royaume ou un Empire en Guinée en lieu et place d’une République.

-Le principe de l’unicité de l’État. Ce qui conduirait à instaurer un État fédéral.

-Le principe de la séparation et l’équilibre des pouvoirs pour permettre à un seul homme de concentrer entre ses mains tous les pouvoirs (Législatif, Exécutif et Judiciaire).

-Le pluralisme politique et syndical, pour revenir au monopartisme et à l’existence d’un seul syndicat.

Le détournement des règles de la démocratie dans un intérêt particulier est une atteinte à la démocratie.



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