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Le 4 Février dernier, les guinéens se sont rendus aux urnes pour élire leurs administrateurs locaux afin de consolider le fonctionnement de la démocratie par le bas.
Ce scrutin était un grand espoir pour non seulement la démocratisation de nos processus électoraux, mais aussi pour donner une certaine légitimité aux responsables locaux qui dirigeaient nos communes depuis très longtemps.
Mais l’on peut affirmer sans ambiguïté que ce scrutin a été un rendez-vous manqué à tous les niveaux : de l’organisation jusqu’à l’installation des conseillers locaux.
D’abord, lors des campagnes, ces élections avaient pris une allure présidentielle en ce sens que tous les ministres s’étaient investis pour justifier la grandeur du RPG dans toutes les communes et ainsi renforcer son maillage territorial.
A l’époque Sékou Koureissy Condé, de l’African Crisis disait: « La classe politique a donné une allure de présidentielle à ce scrutin local. On a vu les ministres et les chefs de parti battre campagne, ce qui a suscité l’incompréhension des électeurs et exacerbé les tensions ». Autrement dit, beaucoup d’électeurs pensaient voter pour le changement du président.
Par ailleurs, huit (8) mois après ce scrutin, l’installation des conseillers communaux a pris une tournure inquiétante. De Kindia en passant par Dubreka, siguiri, Kintianian, l’on a connu des violences avec des dégâts matériels colossaux et des pertes en vies humaines. Toute cette violence s’explique par, d’un côté le mode de choix du maire et de l’autre côté par des accords politiques mal ficelés.
Cependant, ce qui est pour beaucoup d’observateurs une sorte de bombe à retardement, est l’installation des administrateurs locaux dans les communes de Conakry. Selon nos sources trois de ces communes seraient les plus sensibles. Ce sont : la commune de kaloum, celle de Dixinn et de Matoto ou les partis se tiennent dans un mouchoir de poche.
Au lendemain des élections communales, à kaloum, la formation indépendante kaloum Yigui avait largement remporté avec 11 électeurs, contre 7 pour le RPG, 6 pour l’UFR, 4 pour l’UFDG et 1 pour l’UDG, soit un total de 29 conseillers. Ainsi, pour être élu maire il faut forcement avoir la majorité qui est 15 conseillers. En l’état actuel des faits, la Candidate de kaloum yigui semble mieux placée pour devenir la future maire de Kaloum. Mais selon des sources sures et concordantes, certains cadres du parti au pourvoir tenteraient de corrompre des élus des autres partis à coût de plusieurs centaines de millions de franc guinéen par vote, afin d’avoir un maximum de voix leur permettant de briguer la mairie de kaloum. A ce propos, il y a quelques jours, on lisait sur le mur de Lamine Diaby un membre de Kaloum Yigui, qui s’exprimait ainsi : « Une tournée est organisée actuellement à kaloum pour dire aux jeunes de kaloum de ne pas bouger, de rester tranquilles Qu’un poste de gouverneur est réservé à Aminata Touré, ceci pour préparer la population de kaloum au Hold-up Électoral. Cheik Toujours sous la houlette de Malick sankhon, en distribuant l’argent de la caisse de sécurité sociale. Disons – stop à Malik sankhon. Disons – stop ? à Cheick. Vive la démocratie à kaloum »
Bien plus encore, le même scénario semble se dessiner peu à peu à Dixinn et à Matoto ou les partis sont au coude à coude. A Dixinn, l’UFDG avait obtenu 13 conseillers contre 14 pour le RPG. Dans cette commune, l’UDG de Mamadou Sylla serait le faiseur de roi avec 5 conseillers. A Matoto, l’UFDG et le RPG ont obtenu chacun 14 conseillers, là aussi l’UFR serait le faiseur de roi. Suite à cette égalité, le pouvoir tenterait d’acheter les votes des conseillers des autres partis.
Au regard de ces différents résultats, le RPG avec le jeu des alliances et l’achat des consciences qui serait orchestré par les cadres du parti au pouvoir, risque de remporter dans ces communes.
Ces différents agissements du gouvernement non conformes aux lois électorales sont de plus en inquiétants, en ce sens que cela pourrait donner naissance à un climat délétère, ou une nouvelle crise sociale qui paralysera la capitale. L’achat des consciences électorales, est un acte qui relève de la corruption donc condamné par la loi.
Le gouvernement fera-t-il preuve de grandeur cette fois-ci en respectant la vérité des urnes ? Les jours à venir nous édifieront.