L’hommage de Khalil Kaba à Mory Djeli « LA MORT D’UN GRIOT NOBLE ET AUTHENTIQUE ! »

1797

Ce qui était redouté par tous les fans à propos de cet immense artiste est finalement arrivé.
Oui notre Mory Djeli Deen Kouyaté, après plusieurs années de lutte acharnée et digne contre la maladie , a passé l’arme à gauche. Quel séisme émotionnel ! Quelle perte incommensurable !
Mory Djeli Deen Kouyaté était l’un des rares djelis à avoir suivi l’enseignement des djelis dans son ensemble, des généalogies aux épopées. L’homme était dépositaire de l’histoire de toutes les familles aristocrates de Guinée et il savait les restituer à la nouvelle génération. Sa voix majestueuse, mélodieuse et parcimonieuse avec un physique de basketteur de la NBA a fait danser toutes les communautés guinéennes.
Conscient du pouvoir de sa parole, Mori Djeli choisissait quoi dire et taisait certains événements pouvant entraîner des conflits dans la société. Tzvetan Todorov n’écrivait il pas à propos que « tout ce qui menace la mémoire provoque la panique « , soulignant les liens indéfectibles entre  » mémoire  » et identité personnelle.
Surnommé « le Bélébéléba » par le defunt Ali Badara Diaïté ( ABD) ou encore « l’artiste aux pectoraux d’acier » par le doyen Jean Baptiste Williams, le fils de Sékoudine et de Djene Kouyaté était véritablement un patrimoine culturel.
Dans sa démarche artistique, Mory djeli innovait encore et toujours, se servant de tous les outils que lui apportait une modernité qu’il s’appropriait. Griot de son état, griot dans l’âme et dans son œuvre, l’auteur, conteur, compositeur, interprète était un passionné. Une passion qu’il entretenait et qui l’entretenait Jusqu’à ce que la mort l’emporte, ce samedi 22 juin 2024.
Une légende s’en est allée laissant derrière elle toute une nation orpheline. L’héritage musical que nous lègue Mori Djeli Deen Kouyaté constitue un patrimoine culturel dont tous les guinéens sont fiers. A juste raison.
J’adresse mes condoléances les plus émues à sa famille et au peuple de Guinée. Repose en paix .
Par Khalil Djafounouka KABA



Administrateur Général