« Les acteurs politiques doivent œuvrer à ce que les détenus politiques bénéficient d’un procès juste et équitable » Dixit Maître Traoré

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« La prison est très difficile à supporter mais l’honneur est à préserver autant que faire se peut »

Des acteurs politiques tant de l’opposition que de la mouvance présidentielle invitent la justice à organiser le procès des détenus politiques. Mais beaucoup parmi eux semblent être dans le schéma d’une condamnation suivie d’une grâce présidentielle. Un tel schéma est cependant un de ceux que les détenus doivent souhaiter le moins. S’ils doivent être jugés, il faudrait qu’ils aient à l’esprit qu’ils jouent leur honneur et leur carrière politique. Ils doivent donc être prêts à se battre pour le triomphe de la vérité, de leur vérité. C’est une tribune qui leur sera offerte pour anéantir les accusations portées contre eux.

En cas de condamnation définitive, et même s’ils étaient graciés par la suite, ils resteraient toujours condamnés puisque la grâce laisse subsister la condamnation. Leur casier judiciaire comportera obligatoirement la mention de cette condamnation. Ils pourraient espérer après une réhabilitation. Mais ce n’est jamais gagné d’avance.

La prison est très difficile à supporter mais l’honneur est à préserver autant que faire se peut. Il est vrai que pour comprendre ce que vit un détenu et les conséquences de la détention sur sa situation, il faut se mettre à sa place. Mais quand un détenu est persuadé qu’il y a un adversaire qui cherche à l’humilier, il est au moins averti et doit réfléchir sur tous les aspects des propositions qui lui sont faites en contrepartie de sa libération.

Les acteurs politiques, tous bords confondus, s’ils sont vraiment sincères, ne devraient donc pas se limiter à appeler à la tenue d’un procès, ils doivent aussi rappeler à la justice sa mission essentielle celle de dire le droit en toute indépendance.

Ils doivent œuvrer à ce que les détenus politiques bénéficient d’un procès juste et équitable. Si les accusés ont cette garantie, ils n’auront aucune difficulté à se défendre face aux accusations dont ils font injustement l’objet. Mais parler de grâce alors que la question de la culpabilité et donc de la condamnation est loin d’être épuisée puisqu’il n’y a même pas de procès encore. Demander la tenue dans les plus brefs délais d’un procès ; faire en sorte que le procès soit juste et équitable, voilà la démarche idoine. La grâce présidentielle, c’est une autre affaire.

Maître Mohamed Traoré Avocat



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