Tribune : Gouverner autrement ? ( Par Ibrahima SANOH)

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 En  2000, le Front Populaire Ivoirien (FPI) publiait un ouvrage collectif préfacé par son Président Laurent Gbagbo «  Gouverner  autrement  la Côte d’Ivoire». En 2015, l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) a  utilisé le concept « Gouverner autrement  » comme slogan de campagne. En 2020, Alpha Condé reprend  le slogan de campagne de l’UFDG  à son compte pour charger le premier mandat de la IVe République de missions et d’idéologie. Que veut dire « Gouverner autrement » ? En quoi ce concept est-il pertinent ?

 En disant vouloir « Gouverner autrement », le Président Alpha Condé fait  un aveu d’échec.  Après dix ans de gestion politique, économique et sociale du pays, dire qu’il faut « gouverner autrement »  revient à reconnaître  que sa propre gestion a des limites et insuffisances.  C’est cet aveu que le Président de la République a  fait en reprenant à son compte un vocable prononcé par son principal adversaire politique quelques années plutôt. Cela veut dire qu’il y a un écart entre les objectifs  qu’il s’est assigné en 2010 et les résultats produits par ses politiques et sa gouvernance. Qu’il y a aussi un décalage entre les aspirations du peuple  et les politiques menées.

Gouverner autrement  est aussi une promesse de changement devant devenir plus tard au gré des actions un engagement en faveur de la gouvernance vertueuse.  Cette promesse est celle de la lutte contre l’impunité, celle en faveur de la dépolitisation de l’administration. Cette promesse est aussi celle de la transparence et de la lutte contre la corruption.  C’est aussi une promesse de la création de richesse et son partage équitable. Quand on gouverne autrement, la pauvreté doit reculer, le niveau de bien-être doit s’améliorer.  Mais a-t-on tiré les leçons des limites de la gouvernance à changer ?

En effet,  c’est comme si nous vivions  un éternel recommencement. « Gouverner autrement »  pourrait être un gadget politique.  Cette autre promesse sera-t-elle tenue par le Président de la République ? Ne risque-t-il de nous faire perdre du temps ?  Il sera jugé par ses choix et ses actes.  Le prochain gouvernement et ses œuvres en diront long. Les nominations d’hier augurent que le changement promis n’aura pas lieu.

 Les Guinéens sont las de promesses, ils veulent vivre des choses concrètes : les créations d’emplois, l’accès aux soins de santé de qualité,  l’amélioration du niveau de vie.  Aussi plus de justice.



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