Qui pouvait imaginer qu’après 2008, on pouvait encore entendre des gens dire qu’il faut laisser un président terminer ses chantiers ou qu’il n’y a pas d’alternative à un président, qu’il faut le laisser poursuivre son œuvre ?
Les personnes qui tiennent ce genre de propos sont parfaitement conscientes qu’il s’agit d’un énorme mensonge. Elles pensent tromper qui ?
Malheureusement, le mensonge, la tricherie et la démagogie sont devenus des emplois à plein temps et constituent aujourd’hui pour beaucoup des moyens pour vivre et faire vivre leurs familles. Tout cela entretenu par des kleptocrates sans foi ni loi. Le pays devient un pays sans valeurs, sans principe, sans morale. Ce qui compte, c’est comment s’enrichir, comment trouver un petit poste de direction au sein de l’appareil étatique, comment obtenir des marchés publics et, pour les plus fragiles, comment trouver à manger quotidiennement.
Dire qu’il n’y a pas d’alternative crédible à un président visiblement affaibli par le poids de l’âge est la pire insulte qu’on puisse faire à la République de Guinée. Que fera-t-on le jour où il ne sera plus de ce monde – puisque ce jour arrivera inéluctablement-; peut-être qu’il y aura des gens qui vont le ressusciter pour qu’il continue et achève ses chantiers ? Tout cela montre à quel point certains perdent même la foi en Dieu en promouvant l’idée d’un homme irremplaçable. Mais comme il faut manger, on est prêt à tout. Tant pis pour la morale.
On se demande vraiment quelle réaction certaines personnes peuvent avoir quand elles se regardent dans le miroir ; quel dialogue peuvent-elles avoir avec leur conscience quand elles sont toutes seules la nuit par exemple. En tout cas, le pays mettra plusieurs années à se remettre de ce délabrement moral.
Et il faut être totalement dépourvu de conscience pour ne pas s’en inquiéter car l’avenir de nos enfants, de nos petits-enfants et de nos arrière- petits-enfants en dépend. Mais si nous nous sommes de générations sacrifiées, nous devons penser au moins à ceux qui ont viendront après nous.
