Selon Benjamin Boumakani la transhumance politique «est appréhendée comme un fléau pour la démocratie en Afrique, en ce sens qu’elle instrumentalise les élus en quête de quelques avantages matériels et de promotion politique, affaiblit les oppositions dont les élus sont à la merci des majorités au pouvoir, fragilise les équilibres et les contrepoids nécessaires au bon fonctionnement de la démocratie, cultive et entretient l’immoralisme en politique ». Autrement dit, le nomadisme politique constitue un véritable goulot d’étranglement de la démocratie en Afrique, et la Guinée n’échappe pas à cette règle. Mais en Guinée, le mercato politique se fait à tout moment de la saison, et les « joueurs politiques » sont dans bien des cas vendus à vils prix.
C’est le Cas de l’actuel porte-parole du gouvernement : Aboubacar Sylla qui est un véritable « échantillon représentatif » de cette catégorie de « nomade politique ». A travers les différentes positions occupées par monsieur Sylla en si peu de temps (Opposition-mouvance), ou il a été porte-parole des deux camps. L’on se rend compte que la morale, la probité ou encore les convictions, sont des valeurs rares chez certains politiciens sur la scène politique en Guinée.
Ces faits sont révélateurs de la problématique cruciale de la conquête du pouvoir en Guinée. L’on se rend compte que le véritable problème de ces hommes politiques est l’accès aux ressources. Mais comme cet accès aux ressources dépend dans bien des cas, de façon directe ou indirecte de la « relation à l’état », certains hommes politiques sont obligés de faire allégeance au groupe qui détient les bonnes places et qui a la main sur les ressources publiques pour tirer leur épingle du jeu.
Dans cette configuration, comme le dit Benjamin Boumakani « L’État est perçu comme un fromage dont il s’agit de profiter par tous les moyens. Tous les acteurs politiques s’y emploient ». C’est dans ce sens que l’actuel porte-parole du gouvernement a signé un contrat à « durée caméléonne » en devenant le grand défenseur du tripatouillage de la constitution de 2010. Or, il y a quelques mois, ce même personnage, était la voix la plus acerbe contre le pouvoir dans sa quête de troisième mandat. Il était sur tous les fronts pour dénoncer le coup d’état constitutionnel.
Mais aujourd’hui, force est de constater qu’il est devenu le griot le plus éloquent pour défendre le changement constitutionnel. La principale question que l’on pose : est de savoir si ce monsieur se regarde réellement dans le miroir après chaque discours en faveur du oui ? Difficile de donner une réponse positive à cette question, dans la mesure où la morale a foutu le camp chez Aboubacar Sylla.
La position actuelle de l’actuel porte-parole du gouvernement, montre que certains hommes politiques sont prêts à ravaler leur crachât en échange d’un poste ou d’un privilège, au détriment des valeurs démocratiques. En écoutant les différentes vidéos d’Aboubacar Sylla, on a l’impression que c’est deux personnes différentes qui parlent, pourtant, il s’agit du même Aboubacar Sylla qui a été élu député sur la liste nationale de l’UFDG lors des dernières élections législatives en 2013.
En politique, le changement d’un camp à l’autre n’est pas forcément une mauvaise posture, en ce sens que l’on peut reconnaitre le droit à chacun de créer, d’adhérer à un parti ou de le quitter. Cependant, la manière insolente dont se déroule le « mercato politique » en Guinée, démontre la mauvaise foi de nos personnalités politiques et constitue une faiblesse pour notre démocratie. Il est à noter qu’il y a malheureusement dans le champ politique guinéen beaucoup d’Aboucar Sylla.
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