« IL N Y A PAS D’OPPOSANTS EN GUINÉE , IL N Y A QUE DES COQUINS ET DES COPAINS  » SIGNÉ SIAKA BARRY

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Nous vous livrons ici l’acte II de l’entretien de Siaka Barry sur évasion Guinée il y’a quelques jours.
S’il est vrai que les premiers passages ont été très clairs, force est de constater que le leader de génération debout a été très ambivalent sur plusieurs questions concernant son idéologie, la nature de sa rélation avec son ancien employeur, mais aussi sa vision d’incarner un homme de changement.
En ce qui concerne sa vision, Siaka Barry affirme être séduit par la vision qu’avait Alpha Condé en écrivant la Guinée Albanie d’Afrique, Alpha qui a écrit un « Africain engagé : Ce que je veux pour la Guinée », Alpha condé qui a été emprisonné à Coronthy.
En même temps il affirme être un révolutionnaire, un « sekoutoureiste » bref un panafricaniste, et c’est là tout le paradoxe dans la mesure où l’on ne peut pas aimer une chose et son contraire. Autrement dit, si l’on se réclame révolutionnaire, « sekoutoureiste », on ne peut pas aimer Alpha qui a écrit « la Guinée Albanie d’Afrique » parce que dans cet ouvrage Alpha dresse un réquisitoire sévère contre Sékou en dénonçant sa façon de gouverner et surtout sa dictature. « Ce qui caractérise et a toujours caractérisé Sékou Touré, c’est sa soif du pouvoir. Incontestablement intelligent, doué d’une grande capacité de travail, très rusé,……. Mais au lieu de mettre ses capacités au service du peuple, il s’en est servi pour assouvir son ambition personnelle. Il est le type de l’opportuniste parfait, servant à tour de rôle ceux qui pouvaient le faire accéder au pouvoir ou l’y maintenir». D’ailleurs à cause de ses positions vis-à-vis du régime Sékou, Alpha fut condamné par contumace. Sur ce, l’on ne peut pas, ou l’on ne doit pas se réclamer des deux camps.
Par ailleurs, dans l’ouvrage « Africain engagé : Ce que je veux pour la Guinée », Condé dénonce la mauvaise gouvernance du régime Conté en faisant un diagnostic sans complaisance de ce régime. L’objectif affiché dans cet ouvrage, était pour Alpha Condé de « : lutter pour le retour à la démocratie dans son pays et pour un changement radical des pratiques de gouvernement ».
Au moment où Siaka Barry s’engageait avec Alpha Condé au lendemain de sa réélection en 2015, ces principes étaient-ils respectés ? Il serait difficile de donner une réponse positive à cette question quand on regarde le bilan plutôt médiocre d’Alpha Condé pendant son premier quinquennat. Pendant ces cinq premières années de gestion, le pays a été mal géré, Le premier échec de ce régime était le fait que les fondements ou les préalables du changement ont été escamotés. Ce virage devrait être amorcé en tenant compte de certaines contraintes, une expertise à travers la connaissance des hommes pour mieux gérer la chose publique, la connaissance profonde de notre société et de notre histoire, autrement dit la sociologie de la Guinée en essayant de mettre en exergue, les atouts, les faiblesses, les contraintes, les menaces qui pèsent sur le pays. Cette expertise, allait permettre au PRAC de bâtir une nation forte, mais hélas, l’espoir s’est transformé en désespoir, et les maux : la corruption, le népotisme, l’amateurisme ou encore le détournement du denier public sont devenus monnaies courantes au plus haut sommet de l’état. L’on se rappelle du détournement des fameux 9 milliards.
Coté démocratie, le régime Alpha a mis trois ans pour organiser des élections législatives. Tous ces faits démontrent qu’au moment où Siaka s’engageait avec Alpha Condé, la vision qu’il incarnait en tant qu’opposant n’était plus qu’une coquille vide. Autour de lui, des anciens dignitaires du régime Conté qui ont mis le pays à genou. Mais cela n’a pas empêché le champion de la Génération Debout de s’engager avec Körö Alpha et c’est le deuxième paradoxe de l’interview de Siaka Barry. Il n’a pas non plus été clair pour un éventuel retour aux affaires, en disant qu’il travaille pour Alpha, parce qu’il défend ses anciennes visions.
Ces ambivalences rendent perplexe certains observateurs de la vie politique, et jettent plutôt un espoir incertain pour les futures échéances électorales. Toutefois, mise à part ces quelques ambiguïtés, force est de constater que le mouvement Génération Debout gagne du terrain petit à petit. Et surtout Monsieur Barry apporte du sang neuf dans le paysage politique guinéen en faisant la politique autrement et cela est plutôt réjouissant.



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