Société : Le Mariage précoce, un phénomène à bannir dans nos sociétés

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Le mariage précoce est un fait qui devient de plus en plus inquiétant dans nos sociétés, car, nombreuses sont des filles qui sont victimes de cela. A 16 ans, voir 14 ou même 13 ans, beaucoup de filles subissent la pression familiale pour être mariée très jeune. Les familles qui pratiquent ce phénomène mettent ainsi en danger la vie mais aussi l’avenir de leurs jeunes filles.

A Conakry, une jeune fille a fuit un mariage précoce. Elle nourrissait beaucoup de projets pour son avenir. A 16 ans, Mlle AD venait de franchir l’une des étapes pour la quête d’un bel avenir, la réussite au BEPC (Brevet d’Études du 1 er Cycle). Mais très vite elle va déchanter car ses parents, son père en particulier, lui avait déjà tracé un chemin : le mariage.

Un mariage précoce car, la jeune fille n’a pas encore atteint sa majorité. Choquée, la fille s’exprime en ces termes :

Le mariage était précoce et forcé. Je connais certes le jeune homme, nous avions convenu que nous devons attendre que j’ai mes 18 ans, c’est à dire dans 2 ans exactement. Après l’obtention de mon brevet, j’ai entendu les rumeurs sur mon futur mariage, mais je n’ai pas pris au sérieux car avec mon prétendant on était parvenu à un accord. J’ai donc appelé mon fiancé pour lui dire qu’il n’avait pas respecté ce qu’on s’était dit. Je lui ai alors dit de venir voir mon père et lui dire d’attendre mais à mon fort étonnement, il m’a répondu qu’il n’avait pas la bouche pour dire une telle chose à mon père et que d’ailleurs il est partant pour le mariage maintenant. Cela m’a fait mal et je lui ai alors dit que je renonçais à l’épouser et qu’il devait trouver une autre femme car pour moi le mariage c’est après mes 18 ans. Mon père ayant appris ma décision, a décidé ainsi de précipiter les choses. Dimanche passé donc, il est rentré dans ma chambre, m’a demandée de me préparer car on doit me conduire chez mon époux aujourd’hui. Ensuite il m’a enfermée dans la chambre et est allé chercher ses sœurs. Peu de temps après, il est revenu avec mes tantes qui se sont aussitôt mises à me préparer. J’enfile le blanc et le rituel pour le religieux s’en suit, direction la famille du jeune homme. Arrivé la bas, j’ai réussi à m’enfuir car je n’étais pas consentante. Se désole cette jeune fille visiblement affectée par cet acte.

Avec l’aide d’une amie, Mlle AD va demander de l’aide à un groupe de jeunes filles, dénommé Club des Jeunes Filles Leaders de Guinée. Ces jeunes filles s’occupent de la cause des filles victimes de mariage précoce ou encore les filles qui subissent des viols et autres violences. Ensemble, elles portent plainte contre les parents de la jeune fille. Hadja Rabiatou Diallo est secrétaire chargée des affaires sociales et de l’enfance au niveau du club.

Le problème de AD nous a été signalé par une de nos représentes à Labé. Elle nous a dit qu’elle avait une amie qui venait d’échapper à un mariage forcé et qu’on devait s’occuper de son cas. Mais j’avoue que ça n’a pas été facile car la fille n’avait plus son téléphone. Mais elle a réussi à nous recontacter grâce à une voisine. Là, elle vit chez une de nos membres en attendant qu’une solution soit trouvée. Le problème se trouve à la DPJ. Les parents doivent signer un engagement pour dire qu’ils ne donneront pas leur fille en mariage avant 18 ans. Nous sommes à ce stade.

Depuis qu’elle a pris la fuite, AD dit n’avoir parlé à sa mère qu’une seule fois, elle reste tout de même très inquiète pour cette dernière qui risque de subir selon ses dires beaucoup de pressions familiales.
Le cas de cette jeune n’est pas isolé dans la mesure où ce phénomène devient de plus en plus récurent et inquiétant.
Nous reviendrons sur la suite de cette affaire dans nos prochaines publications.



Journaliste, Correspondante à Conakry