L’orpaillage : un héritage culturel aux multiples conséquences néfastes sur l’environnement en Haute Guinée (Par Khalil KABA)

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Généralement autorisé suivant l’octroi d’un permis délivré  les autorités compétentes, l’orpaillage artisanal prend une dimension inquiétante en Haute Guinée et pose une véritablement question sur la survie de l’environnement. La pratique est observée dès le IXe siècle. Au XIIe siècle, sous l’empire du Mali, l’exploitation de l’or était saisonnière et assurait des revenus complémentaires aux activités agricoles. Cet héritage culturel explique pourquoi cette activité perdure.

Mais depuis une trentaine d’années, on assiste à une véritable ruée vers l’or, sans doute en raison de l’envolée des cours du métal précieux et de la paupérisation des populations. Le nombre d’orpailleurs, toujours difficile à évaluer précisément, aurait été multiplié par cinq durant cette période.

Officiellement selon les données du Ministère des Mines et de la Géologie, plus de deux cents sites d’orpaillage sont recensés sur le territoire guinéen, dans cinq préfectures à l’est du pays, près de la frontière avec le Mali (Dinguiraye, Kankan, Kouroussa, Mandiana et Siguiri), procurant des revenus à plus de 200 000 personnes. L’exploitation artisanale représente le tiers des exportations d’or du pays avec près de 12 tonnes, contre 18 tonnes pour l’exploitation industrielle.

Plus que jamais, l’environnement de la Haute Guinée montre des signes d’épuisement du a une exploitation artisanale de l’or.

En effet, il est important de noter  que l’exploitation minière artisanale contribue au déboisement et à la déforestation, à la dégradation des sols, à la pollution de l’air par la poussière et le monoxyde de carbonique, du sol et de l’eau par les huiles usagées des moteurs et les produits chimiques (les piles usagées abandonnées au fond des puits, la perte de la biodiversité, la détérioration du paysage etc…).

Sur le plan sanitaire, elle peut engendrer des maladies respiratoires (toux, pneumonie, angine…) du fait de l’inhalation de la poussière et des accidents souvent mortels compte tenu des techniques d’extraction du minerai qui s’avèrent archaïques.

Au plan social, cette activité entraîne la dépravation des mœurs sur les sites d’exploitations, ce qui peut faire accroître le taux des maladies sexuellement transmissibles ; elle contribue à vider les classes de leurs élèves qui doivent aider leurs parents dans l’extraction ; ce qui conduit à une baisse du taux de scolarisation dans les zones d’exploitation.

Face à de tels inconvénients sur l’environnement et la santé, il devient alors nécessaire que des mesures soient prises :

. Campagnes intenses de sensibilisation des artisans sur les risques et dangers associés à l’utilisation et la manipulation sans protection ni précaution du mercure ;

• Mise en place effective sur les sites d’orpaillage de petites unités n’utilisant pas de produits chimiques et augmentation de leur capacité de traitement de minerai et de récupération d’or ;

• Port obligatoire d’équipement de protection (gants, masques, etc.) au niveau des centres de traitement de minerai pendant les opérations d’amalgamation ;

• Délimitation et aménagement de centres uniques de traitement de minerai sur les sites ;

Enfin, tous les sites d’orpaillage importants doivent faire l’objet d’un recensement, d’études de cartographie et de caractérisation physico-chimique dans la perspective d’une meilleure gestion de l’environnement minier.

Khalil KABA

Sociologue



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