Guinéenne de la semaine : Mafoudia Bangoura de Radio Espace, une inspiration pour la femme guinéenne

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« On ne naît pas femme, on le  devient » disait Simone de Beauvoir. C’est à dire qu’intellectuellement  la femme est l’égal de l’homme.  Ce qui signifie que la valeur d’une femme dépend de sa capacité à surmonter tous les obstacles qui se dressent devant elle, y compris le « plafond de verre » qui est un obstacle pour une ascension sociale et dans bien des cas, tend à  reléguer la femme à la simple expression de « mère de famille ».  Mafoudia Bangoura est l’incarnation parfaite de cette catégorie de femme battante, courageuse et talentueuse. Journaliste au sein du groupe Hadafo Media, Mafoudia Bangoura est diplômée en journalisme audio-visuel à l’Institut Supérieur de l’Information et de la Communication. Consciente qu’il faut forcement lier la théorie à la pratique, elle effectua ses premiers pas en tant que stagiaire au sein du Groupe Gangan Radio et télévision, alors en 2e année de l’université. Dès lors elle découvre le gout des débats politiques et culturels.  C’est en fin 2012 qu’à l’issu du concours Espace Talent, qu’elle fut recruter à la radio Espace.

A l’avènement d’Espace Tv, Mafoudia est nommée chargée de Production.  Parallèlement, elle est présentatrice du journal parlé et télévisé du groupe Hadafo Media (Radio espace et espace TV). A Radio Espace, elle fit ses premiers pas dans une émission de débat politique dans « Espace Expression », une émission qui remplace les GG pendant les vacances. Il était surtout question d’avoir là aussi une voix féminine. Après deux vacances, elle se retrouve la saison suivante dans l’émission phare du groupe : les GG sur demande de Lamine Guirassy PDG du groupe Hadafo Media. Comme le Mois de Mars est celui des femmes, le site Horizon Guinée tend son micro à ces femmes qui se battent au quotidien pour  se hisser au sommet de la pyramide.

Ainsi, après le sociologue Sayon Dembélé, la modèle Toubine Camara, l’ambitieux Moussa Bérété, le styliste Diaby Bazin, le talentueux Erickorka Bah et la maquilleuse Oumou Joujou Kaloga, Mafoudia Bangoura est notre septième personnalité de la semaine. Avec elle, nous avons passé en revue plusieurs sujets d’actualité de notre pays.

Horizon Guinée : Bonjour Madame Bangoura

Mafoudia BANGOURA : Bonjour Horizon Guinée

Horizon Guinée : vous êtes aujourd’hui une valeur sure de la presse guinée, alors quel regard portez-vous sur cette presse ?

Mafoudia BANGOURA : Bon écoute je peux dire que la presse guinéenne n’est pas la meilleure, mais elle n’est pas non plus, la plus médiocre. Comme toute autre profession, elle a des hauts et des bas. C’est vrai qu’elle est perfectible et elle peut faire mieux dans le contexte actuel. Mais Il y a beaucoup de choses à prendre en compte, comme la situation des journalistes. Il y a des années nos ainés se battaient pour la libéralisation des ondes, puis la dépénalisation des délits de presse… Aujourd’hui on cherche une convention collective. Certes contraignante mais cette convention va changer les conditions de travail des journalistes du privé. Il reste encore beaucoup à faire. L’opinion semble déçue du travail des hommes de médias. Il faut prendre en compte les critiques objectives à l’endroit de la corporation pour que cette presse joue pleinement et positivement son rôle dans le développement du pays.

Horizon Guinée : C’est le Mois consacré aux droits des femmes, et souvent on parle d’Egalite. Mais selon les statistiques, il ya encore une faible représentativité des femmes au niveau des postes de prises de décisions.  Selon vous, comment lutter contre ce phénomène ?

Mafoudia BANGOURA : Je réponds à cette question au moment où la gent féminine guinéenne se réjouit des nominations au ministère des investissements public privé beaucoup de femmes et de jeunes. C’est pour vous dire que les lignes bougent même si ce n’est pas aux rythmes voulus. Les compétences ne manquent pas. Il faut surtout de la volonté politique. Au Rwanda par exemple les femmes détiennent 40% des portefeuilles ministériels et représentent plus de 60% des députés. Le 25 octobre, les parlementaires éthiopiens ont aussi désigné une femme, Sahle-Work Zewde, pour devenir présidente du pays. Une première, même si le poste est essentiellement honorifique. Et le 1er novembre, une autre femme, Meaza Ashenafi, est également devenue présidente de la Cour suprême. Ce sont là des gestes politiques d’une grande portée qui font rêver à un lendemain meilleur chez les jeunes générations. Ces pays se portent mieux que le nôtre. De tels gestes ont le don de changer de façon significative la perception chez les jeunes filles et les parents. A ce stade j’invite les femmes à s’impliquer en politique. Il faut aussi une solidarité, une grande. Actuellement il y’a beaucoup d’initiatives dans ce sens et je m’en réjouis. On doit aussi mettre un accent particulier sur la scolarisation de la jeune fille, car, l’éducation un levier pour toute émancipation et un moyen de lutte contre les inégalités qui gangrènent depuis trop longtemps notre pays.

 Horizon Guinée : il y a aujourd’hui un autre phénomène qui gangrène notre société : le « Mariage précoce » Quel regard portez-vous sur ce phénomène ?

 Mafoudia BANGOURA : Un autre phénomène qui fait mal à la jeune fille. Le mariage précoce est une réalité dans nos sociétés. Mais là aussi les lignes bougent petit à petit grâce à certaines structures qui militent pour le droit des femmes. Et les médias aussi font un travail remarquable dans ce sens. A chaque fois, il suffit juste une forte mobilisation et les autorités se saisissent du dossier. Même si je pense que les autorités ne jouent pas pleinement leur rôle. Par ailleurs, Ce qui est bien, c’est que nos textes de lois interdisent ces pratiques il faut juste veiller à l’application.

Horizon Guinée : Dans notre société, les femmes sont victimes de mutilations génitales féminines. Selon vous, comment lutter contre ce phénomène ?

 Mafoudia BANGOURA : Il existe aujourd’hui plusieurs associations de lutte contre cette pratique et le ministère de l’action sociale médiatise souvent les campagnes de « dépôt de couteaux d’excision ». Mais la Guinée fait encore partie d’un petit cercle réduit de pays où la prévalence de l’excision demeure extrêmement élevée. Je pense que la justice doit pouvoir faire mieux pour punir. Mais avant, il faut de la sensibilisation, améliorer le message. Cette pratique bousille la sexualité de la femme. Le dire à nos parents, que le clitoris est un élément clé pour le bonheur sexuel de la femme. Pourquoi l’en priver si l’homme même désire une femme qui puisse le combler au lit ? C’est une vérité qu’il faut exploiter. Dans les campagnes de sensibilisation, il faut surtout l’implication des adultes. Les échanges « adulte-adulte » est encore plus productif qu’« adulte-jeune ». Je propose cependant qu’on milite tous pour garder l’aspect éducatif de cette pratique. C’est-à-dire regrouper pendant les vacances les jeunes filles de même âge pour leur apprendre les bonnes manières selon les valeurs de notre société.

Horizon Guinée : Le Mois de Mars, est le Mois des femmes, Quels messages avez-vous pour les femmes ?

 Mafoudia BANGOURA : Le combat pour l’épanouissement de la femme est un travail de tous les jours. Le 8 mars c’est pour faire le bilan et repartir de plus belle. C’est un combat de tous, homme et femme. Une justice sociale qu’il faut instaurer pour le bien de tous. Cependant, j’ai un grand regret lorsqu’il y’a amalgame. C’est-à-dire la femme qui porte le pantalon à la maison au lieu de l’homme. L’homme c’est l’homme et la femme reste la femme. Porter le pantalon à la maison c’est quoi ? Prendre en charge toute la famille ? Certaines le fait déjà sans crier. L’EQUITE c’est de cela dont il est question. C’est-à-dire que la femme bénéficie des mêmes avantages qu’un homme après le même cursus. Oui la nature veut qu’il ait des moments où elle a terriblement mal à cause des règles ou qu’elle doive s’absenter en raison d’une grossesse et alors ? Elle est toujours compétente. Et puis sans ce geste quel avenir pour l’humanité ? Il faut juste des réaménagements comme on peut le constater dans les sociétés qui ont compris.

 Horizon Guinée : votre dernier mot ?

Mafoudia BANGOURA : Je profite de cette occasion pour souhaiter une très bonne fête aux femmes du monde en générale et aux guinéennes en particulier. Je vous remercie aussi ainsi que toute l’équipe du site Horizon Guinée pour tout ce que vous faites pour l’émancipation de la femme guinéenne.

Horizon Guinée : merci d’avoir répondu à nos question

Mafoudia Bangoura : C’est moi qui vous remercie



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