SECURITE ROUTIERE, DEFIS & PERSPECTIVES EN AFRIQUE DE L’OUEST (Ghaly Sow) :

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En Afrique de l’Ouest, la sécurité routière est un défi à la fois majeur et stratégique, marqué par un taux élevé de mortalité et de blessures liées aux accidents de la route. Les défis sont multiples et incluent l’absence de politique nationale de sécurité routière, le manque d’infrastructures adéquates, des comportements dangereux des conducteurs, et des systèmes de gestion de la sécurité routière sous-développés, une flotte vieillissante souvent mal entretenue, des techniciens (électriciens, mécaniciens, soudeurs…) non-formés, des outils & pièces non-conformes…. Les perspectives reposent sur des initiatives régionales et nationales visant à améliorer les infrastructures, à renforcer la législation, à sensibiliser le public et à améliorer la gestion des accidents. 

Un constat est alarmant d’autant plus qu’une personne meurt chaque 22 Seconde sur la route :

Le constat est alarmant. L’Afrique subsaharienne affiche le taux de mortalité routière le plus élevé au monde – environ 27 décès pour 100 000 hbts – alors qu’elle ne dispose que de 3 % du parc automobile mondial. Selon l’OMS, les pays suivants enregistrent des bilans les plus dramatiques :

  • Bénin – En moyenne 5 000 accidents corporels par an, avec environ 700 morts et 6 000 blessés
  • Burkina Faso – En 2022, 26 686 accidents ont fait 1 150 morts et 15 384 blessés
  • Mali – 736 décès officiels en 2021
  • Niger – 1 152 morts de la route en 2021
  • Côte d’Ivoire – 1 614 tués en 2021

Ces chiffres traduisent des infrastructures souvent insuffisantes et mal entretenues. Si par exemple en Guinée, environ 5% du réseau routier national est bitumé, ce qui représente environ 2 174 km sur un total de 43 493 km, selon les données de l’Annuaire des Statistiques du Genre (2017). Le reste du réseau est constitué de routes latéritiques, le Niger ne compte qu’environ 4 950 km de routes goudronnées pour 25 millions d’habitants. Les ONG régionales soulignent que la moitié des routes accidentogènes africaines ne répondent pas aux normes de sécurité, surtout pour les usagers vulnérables (piétons, motos).

Défis :

  • Taux de mortalité élevé :

L’Afrique de l’Ouest affiche l’un des taux de mortalité routière les plus élevés au monde, avec des chiffres souvent supérieurs aux moyennes mondiales. Par exemple la Guinée affiche un taux de mortalité routière de 29 décès pour 1000 Habitants (OMS), le Liberia affiche quant à lui un taux d’environ 36 décès pour 1000 habitants

  • Infrastructures routières insuffisantes :

De nombreuses routes sont en mauvais état, mal entretenues, et ne répondent pas aux normes de sécurité, ce qui augmente les risques d’accidents. 

  • Comportements dangereux :

La vitesse excessive, la conduite sous l’influence de l’alcool ou de drogues, le non-port de la ceinture de sécurité, et la distraction au volant sont des facteurs courants d’accidents. 

  • Faiblesse des systèmes de gestion de la sécurité routière :

Les pays d’Afrique de l’Ouest rencontrent des difficultés à collecter des données précises sur les accidents, à mettre en œuvre des politiques efficaces, et à assurer le suivi des mesures de sécurité routière. 

  • Instabilité politique et conflits :

Les conflits armés et l’instabilité politique dans certaines régions entravent les efforts de sécurité routière, notamment en perturbant les infrastructures et en créant un climat d’insécurité. 

  • Manque de sensibilisation du public :

Une sensibilisation insuffisante aux risques routiers et aux comportements de sécurité est un facteur contribuant aux accidents. 

Perspectives :

  • Renforcement des infrastructures :

Des investissements dans l’amélioration et l’entretien des infrastructures routières sont essentiels pour réduire les risques d’accidents. 

  • Renforcement de la législation et de son application :

Il est nécessaire d’adopter et d’appliquer des lois plus strictes en matière de sécurité routière, notamment sur la vitesse, l’alcool au volant, et le port de la ceinture de sécurité. 

  • Sensibilisation du public :

Des campagnes de sensibilisation efficaces peuvent aider à changer les comportements des usagers de la route et à promouvoir une culture de sécurité routière. 

  • Amélioration de la gestion des accidents :

Il est important de mettre en place des systèmes de gestion des accidents efficaces, notamment en matière de collecte de données, de soins d’urgence, et de suivi des blessés. 

  • Coopération régionale :

La coopération entre les pays d’Afrique de l’Ouest est cruciale pour partager les bonnes pratiques, harmoniser les politiques, et coordonner les actions de sécurité routière. 

  • Engagement politique :

Un engagement politique fort, avec des investissements financiers et des politiques ciblées, est indispensable pour atteindre les objectifs de sécurité routière. 

  • Intégration de la sécurité routière dans les politiques de développement :

La sécurité routière doit être considérée comme un élément essentiel du développement durable, avec des investissements dans des infrastructures sûres, des transports publics efficaces, et une meilleure planification urbaine.

Par Ghaly SOW



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