Les incivilités et les injures grossières gangrènent les réseaux sociaux et autres plateformes en ligne en Guinée. À dire juste, elles y deviennent légions.
Personne n’échappe aux invectives, insanités et grossièretés de ces directeurs de conscience égarée sur la toile. Des personnalités, qu’elles soient des régimes passés ou actuels, en sont victimes ; des citoyens humiliés, des familles éclaboussées par des individus à la quête de vues ou de visibilités.
Que devient la société guinéenne ? Est-ce ce règne lamentable d’insulte et de vulgarité que certains veulent réserver, comme héritage, à la nouvelle génération ? Que fait le Procureur de la République face à ces incivilités et injures sur la toile ?
Les injures publiques, d’où qu’elles viennent, quels que soient leurs auteurs, doivent faire l’objet de poursuites judiciaires. Les victimes n’ont pas nécessaire besoin de porter plainte auprès de la police, de la gendarmerie ou par courrier au procureur de la République ; ce dernier peut s’en auto-saisir, c’est-à-dire qu’il doit engager des poursuites, contre les auteurs des faits, même en l’absence de plainte formelle des victimes. Ce pouvoir découle de sa mission de défense de l’ordre public et de la loi. Oui, étant le protecteur des libertés publiques et le gardien de la sécurité des citoyens guinéens, il doit traquer tous ceux qui prennent du plaisir en injuriant les autres sur la toile, en crachant sur les valeurs sociétales de notre pays. En d’autres mots, il faut une véritable chasse judiciaire, sans distinction aucune, contre cette dépravation de nos mœurs et les dérives verbales qui gangrènent les réseaux sociaux et autres plateformes en ligne en Guinée. Comme le dit quelqu’un, les injures publiques ne relèvent ni de la liberté d’expression ni de l’art. Elles relèvent plutôt du mépris, de la déficience morale et de la décrépitude.
Les Officiers de Police Judiciaire (OPJ) ?
Il n’y a aucune différence aujourd’hui entre le cyber espace et l’espace public. Tout ce qui touche l’espace public, s’il n’est en harmonie avec les normes sociétales de notre pays, heurtent des sensibilités et touchent à la pudeur publique. L’injure, quelle que soit sa forme, entre dans cet ordre d’idée.
Nous avons une loi qui encadre rigoureusement le cyber espace, car des infractions y découlent. Nous avons une autorité créée, chargée institutionnellement de veiller à la sécurité du cyber espace : l’Agence Nationale de la Sécurité Informatique (ANSI). Que fait celle-ci d’ailleurs face aux cybercrimes qui prennent une proportion inquiétante sur notre espace public ?
Des pays comme la Côte d’Ivoire qui a crée une police spéciale contre les dérives sur la toile, fortement réprimées, et le Mali où il y a un Procureur spécial nommé en l’espèce, doivent nous inspirer dans la lutte contre ces pratiques néfastes, sur la toile, qui portent gravement atteinte aux fondements de notre patrimoine commun.
Et le corps des Magistrats ?
Le corps des magistrats guinéens a pourtant, à moins que je n’abuse ou ne me trompe, son Bureau de lutte contre la cybercriminalité où nous savons que plusieurs Magistrats de renoms ont été conséquemment formés et outillés pour pouvoir endiguer ce fléau qui nous prend par la gorge aujourd’hui. Personne n’est à l’abri.
Tous, doivent se lever, comme un seul homme, contre ce fléau pour que cesse cette culture de la diffamation, de la calomnie, des invectives, de l’atteinte grave à l’intégrité morale des uns et des autres, qui prennent de plus en plus une allure inquiétante. Rien ne doit justifier l’impunité. Juste un plaidoyer contre ce fléau.
Sayon MARA, Juriste