Transition en Guinée : Propositions sur des questions électorales : Le fichier et la CENI (Acte I) Par Sonny CAMARA

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Au lendemain du coup d’état qui a renversé le régime Alpha Condé, le CNRD à sa tête Mamadi Doumbouya a lancé un appel à toutes les forces vives de la nation en vue mettre en place une transition apaisée et inclusive.

Parmi les questions centrales, il y a le processus électoral. En Guinée,  la mise  en place d’un  processus électoral fiable est primordiale. C’est pourquoi, les nouvelles autorités doivent veiller à la mise en place de nouvelles politiques publiques dans ce sens permettant de performer le système de vote dans notre pays. Le vote étant un moyen légitime d’accéder au pourvoir et pourvoir de légitimité, son organisation en cette période de transition doit obéir à certaines règles tournant autour des éléments suivants:

1-le Fichier Electoral

Le fichier électoral est un registre qui comporte l’identité de tous les citoyens ayant la majorité électorale d’une circonscription ou d’un pays, donc admis à voter. Il a pour objet, de veiller sur l’unicité des listes électorales. Il vise aussi à assurer qu’un citoyen est en capacité de voter, donc formé par l’ensemble des citoyens qui bénéficient juridiquement du droit de voter. Le fichier électoral est donc un élément essentiel du processus électoral, autrement dit, la clé de voûte de tout processus électoral.

C’est pourquoi Braconnier et Dormagen dans leur ouvrage la « démocratie de l’abstention »,  affirment que l’essentiel en matière de participation électorale se joue à l’inscription sur les listes électorales. Autrement dit, en Guinée les questions liées au fichier électoral sont centrales dans le processus organisationnel des élections. C’est pourquoi avoir un fichier assaini, est une garantie certaine de se diriger vers des élections libres et transparentes.

2- La CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante)

La CENI a été créée dans un contexte de crise opposant la mouvance et l’opposition dans la lutte contre les fraudes électorales. Sa création devrait permettre à la démocratie guinéenne d’avoir des structures de gestion électorale neutres, efficaces et transparentes. Ainsi, sa force devrait résider dans sa capacité à rendre le processus électoral fiable en ralliant la confiance du peuple, et en contribuant à la démocratisation des processus électoraux de la Guinée.

Mais en analysant les dernières élections organisées par la CENI, l’on peut affirmer sans aucune ambivalence que la Commission est passée à côté de cette noble mission. C’est pourquoi une recomposition de la CENI demeure un enjeu majeur pour les futures échéances électorales.

PROPOSITIONS

-Concernant la CENI, sa forme actuelle n’offre aucune garantie en matière d’organisation d’élections fiables. C’est pourquoi :

-l’on a besoin d’une CENI apolitique, compétente et non représentative.

– Il serait donc important de Dépolitiser la CENI pour y mettre un maximum d’agents statisticiens, d’informaticiens d’anthropologues et sociologues pour analyser le plus scrupuleusement les défaillances du système et l’améliorer pour l’adapter au fil des scrutins.

-Les représentants des partis politiques s’ils doivent siéger, auront seulement un statut consultatif et non des commissaires. Tout le travail doit être fait par des personnes compétentes et indépendantes de toutes structures politiques.

-le travail de l’institution doit être à temps plein et pas seulement à l’approche des élections. Cela permettrait d’anticiper d’éventuelles anomalies et apporter des corrections nécessaires à l’organisation d’élections fiables.

-le personnel doit être recruté sur la base d’un concours en fonction des besoins de l’institution.

Pour le Fichier Electoral

Comme je l’ai dit plus haut, le Fichier électoral est clé de voûte de tout processus électoral, c’est pourquoi sa fiabilité est nécessaire pour avoir des élections libres et transparentes.

-Pour cela, la junte doit prendre le temps nécessaire pour assainir le fichier électoral en reprenant tout le travail zéro.

– Le fichier doit être débarrassé de tous les doublons ou triplons, il doit refléter la sociologie électorale de la Guinée.

-L’inscription sur le Fichier doit se faire à tout moment. Chaque préfecture doit avoir un agent de façon permanente qui s’occupe de l’inscription sur le fichier électoral. La décentration  et la continuité de l’inscription sont nécessaires pour mieux organiser les mises à jour à l’approche des élections

-Lever l’interdiction de circuler le jour du scrutin et organiser la circulation le jour de vote pour que des navettes et des véhicules privés puissent déplacer les électeurs éloignés de leurs bureaux de vote. Cela permettrait de renforcer la participation électorale qui est gage de la performance du système. Cela permettrait aussi aux élus d’avoir la légitimité nécessaire pour exercer leurs mandats

-Rendre juridiquement obligatoire le vote, pour inciter un grand nombre à voter. Cela limiterait l’ethnicisation du vote, les électeurs dont les « frères » candidats ont été éliminés au premier tour étant dans l’obligation légale d’aller voter au second, sous peine d’amendes ou de privation de certains droits civiques à préciser. Il permet donc de renforcer la participation electorale

La Suite des propositions  dans ACTE II

Par Sonny Camara Analyste, Sociologue, Politologue

sonnycamara@yahoo.fr



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