Justice : Les dessous de la mise en liberté provisoire des membres du FNDC

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Depuis l’annonce de la décision de la Cour d’appel de Conakry mettant en liberté provisoire le Coordinateur du FNDC et d’autres personnes jugées et condamnées pour des faits d’appel à participer à un attroupement non armé, des diverses voix s’élèvent pour saluer l’indépendance dont la Justice vient de faire montre.
Pour une fois, tout le monde salue le courage des magistrats de la Cour d’appel. Mais d’après des sources proches du dossier, la réalité est malheureusement bien différente.
Il semblerait que depuis plusieurs jours, le Procureur Général près la Cour d’appel de Conakry cherchait à faire programmer le dossier pour l’examen des appels exercés par les partis. Mais le Collectif des avocats de la défense aurait catégoriquement refusé de s’associer à cette initiative en raison du mot d’ordre de boycott des audiences de la Cour d’appel lancé par le Barreau de Guinée.
Le Collectif des avocats de la défense ne voulait pas se désolidariser de cette  » grève  » d’autant plus qu’il est dirigé par un ancien bâtonnier et regroupe en son sein d’anciens membres du Conseil de l’Ordre et d’autres en fonction.
En l’absence de leurs avocats, il avait été demandé aux prisonniers la présentation d’une demande de mise en liberté signée de leurs mains. Ils ont rejeté cette offre en exigeant que la question de leur liberté soit discutée publiquement. Selon les mêmes sources, le pouvoir avait même garantit aux intéressés leur mise en liberté en échange du retrait de leur plainte contre la Guinée devant la Cour de justice de la CEDEAO. Les avocats et leurs clients ont également balayé du revers de la main cette proposition qu’ils considéraient comme une sorte de marchandage inacceptable.
En fait, au niveau du département de la Justice, l’heure était à la recherche d’une solution pour réparer la défaillance de la Justice que constituent les condamnations intervenues en première instance. Mais il fallait une porte de sortie. Ainsi, tout était mis en œuvre pour que les leaders du FNDC soient libérés.
Le tollé provoqué par les jugements rendus notamment par les Tribunaux de Mafanco et de Dixinn n’y est pas étranger, tout comme la mobilisait en faveur de leur élargissement. Mais il rester un dernier obstacle à lever à savoir la grève des avocats. Par une heureuse coïncidence, cette grève a été suspendue à la suite d’une assemblée générale du Barreau. Contrairement à ce que pourraient penser certains. Il semblerait qu’il n’y a aucun lien entre la suspension de la grève des avocats et la tenue de l’audience qui a abouti à la libération des détenus. Les avocats venaient d’avoir la tête de l’ancien premier président de la Cour d’appel qui serait en grande partie la cause de la colère des avocats.
Ainsi, la décision de la cour d’appel aurait été téléguidée à partir du ministère de la Justice. C’est la preuve encore une fois que la Justice guinéenne est loin d’être indépendante. Dans tous les dossiers concernant l’État, les décisions viennent souvent d’ailleurs, ce qui ne donne pas une bonne image de la Justice.
Nous y reviendrons pour plus de détails dans nos prochaines publications



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